Port de Toulon le 11 janvier, l’année 2019 démarre par un café au soleil. Face à moi Laura, graphiste à la ville et bloggeuse avec son blog « Des trucs biens ».

Pourquoi ce nom d’ailleurs ? Parce que ça sonne bien et parce qu’elle voulait faire des choses bien pour la planète. D’ailleurs quand elle a commencé son blog, il y a 2 ans, elle s’intéressait déjà au zéro déchet depuis un an et essayer de convaincre ses amis en soirée. C’était devenu un sujet phare et elle a eu l’envie d’en parler à travers un blog.

C’est la deuxième fois que je rencontre Laura, la dernière fois c’était il y a un an lors d’une soirée de rencontre avec des blogueurs et elle m’avait dit qu’elle allait partir au Mexique. Je croyais que c’était pour quelques jours de vacances mais non, elle partait pour un périple de 8 mois en Amérique du Sud. Elle est rentrée en décembre, débriefing.

D’abord pourquoi être partie ? Si loin ? Toute seule ? Si loin car c’était un rêve. Toute seule, d’abord parce qu’elle avait trouvé un copain qui disait vouloir partir mais il attendait toujours quelque chose pour que ce soit le bon moment. Quand ceci sera arrivé, quand j’aurais fini cela, quand, quand, quand,… Et si en attendant que les choses arrivent on s’empêchait de vivre. Le copain a fini par ne plus être un copain et Laura libérée de cette “contrainte” a pu partir quand elle l’a voulu. Partir seule pourrait paraitre dangereux mais selon Laura il y a plus de filles qui voyagent seule que de garçons, c’est ce qu’elle a pu voir lors de son périple. Peut-être parce qu’elles ont plus de choses à se prouver et c’est d’ailleurs certainement pour ça qu’elle-même est partie dans cette aventure. Une grande aventure car elle ne parlait pas espagnol avant son départ (elle a fait allemand 1ère langue) et n’avait pas trop confiance en elle.

Sud du Mexique, Guatemala, Pérou, Colombie et Paraguay, sont les pays qu’elle a visités en partie car elle a souhaité faire un voyage lent. Vivre au rythme des pays, de la population locale, prendre des transports en communs comme les “collectivos”. Ce sont des bus qui ne partent que lorsqu’ils sont remplis. L’attente que tous les passagers arrivent peut être parfois de quelques heures jusqu’à une journée. De quoi apprendre à relativiser et à être patient dans nos sociétés occidentales où tout est rythmé, “timé”.

Lors de ce voyage, Laura aura croisé des touristes, ces gens qui prennent l’avion pour aller d’un point à un autre pour passer quelques jours et se sera posé la question des méfaits du tourisme pour notre planète et les lieux visités. Car comment ne pas se poser la question de l’empreinte écologique de déplacements toujours plus nombreux en avion ou en bateaux de masses de personnes toujours plus nombreuses vers des lieux parfois vierges et sauvages dont la face est changée rapidement par l’afflux massif de visiteurs. Si la manne financière est toujours mise en avant, qu’en est-il du bilan écologique ?

Cette question, je me la suis posée personnellement. D’ailleurs, je refuse de travailler au maximum avec des groupes de croisiéristes. Quand on sait qu’un bateau pollue plus qu’un million (oui 1 000 000) de voitures, on ne peut qu’être choqué de l’augmentation du trafic. Je m’entends souvent dire que les croisières ça paye bien mais je ne veux pas laisser l’argent me dicter ma morale. De plus je suis révolté que ces gros pollueurs ainsi que le transport aérien soient exonérés de taxes sur les carburants lorsque l’on demande au simple citoyen un effort financier pour renverser le changement climatique.

Mais existe-t-il des voyages écologiques ? Peut-on limiter son empreinte lors d’un voyage ? Oui le voyage lent le permet, prendre son temps et découvrir les gens. C’est souvent là que l’on découvre réellement un pays, les gens mais aussi soi-même. D’ailleurs c’est ce qui ressort du voyage de Laura, elle aura appris à oser, à accepter de demander de l’aide. Car quand tu es à 10000 km de chez toi et que tu te fais voler ton téléphone, tu as besoin de demander de l’aide et tu ne te demande pas si tu dois ou peux demander. Tu es obligé d’oser. D’ailleurs les sud-américains se posent moins de question. Ce qui a pu marquer Laura par exemple c’est comment on hèle un garçon de café. Si en Europe on va lever la main, oser un timide s’il vous plait et attendre que le garçon nous regarde (oui je fais ça c’est vrai), là-bas on hurlera à travers la terrasse “Carcero ! Una cerveza !” et personne n’en prendra ombrage. Ça raccourcit même le temps d’attente, on va droit au but. La pauvreté est partout mais les gens se débrouillent, vivent leur vie sans attendre que quelque chose leur arrive.

Alors comment revient-on d’un tel voyage ? Changée me dira Laura, je me suis trouvée. Ce n’est pas forcement ce que je cherchais mais c’est ce que j’ai trouvé. Il y a une chose surtout, l’envie de repartir. Maintenant qu’elle connait la langue, les habitudes, elle aimerait pouvoir s’immerger encore plus dans la culture. Son travail de graphiste freelance lui permet de travailler à distance et ne sera pas une barrière à un nouveau départ.

Merci à Laura Humbert pour m’avoir accordé un peu de son temps et pour les photos que j’ai prises sur son Instagram @destrucsbiens, vous pouvez retrouver son blog “des trucs biens” en cliquant ICI et son site de graphiste ICI.